Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

"Cloclo"

 

Cloclo

 

 

 

Tendance d'abord très américaine, le biopic est devenu depuis quelques années un phénomène qui devient une habitude depuis le triomphe international de "La môme" avec Oscar de la meilleure actrice pour Marion Cotillard.

 

Faire un film sur Claude François n'était pas acté. Posez la question à Julien Rappeneau et Florent Emilio Siri scénaristes (et réalisateur également pour le second), ils vous répondront qu'il y a peu longtemps encore, Cloclo n'était qu'un chanteur à minettes. C'était sans compter sur un documentaire relatant la vie du chanteur de "Belle, belle, belle" qui allait leur faire comprendre toute la complexité d'un personnage bien plus "complet" qu'il n'y parait. 

 

Que les deux auteurs n'aient pas connu ni même écouté le chanteur durant leur jeunesse apporte une neutralité intéressante au film. Jamais Siri ne cherche à embellir l'image de Claude François. L'image donnée dans le film lui donne même fréquemment une image antipathique. On le sait l'homme était colérique, mytho, mégalo également. Mais c'était aussi un redoutable homme de scène, un persévérant toujours enclin à s'adapter aux styles musicaux du moment.

 

En parlant de style, celui de Siri est savoureux. Ce qui fait la réussite de son film est un doux parfum de nostalgie relatant quelques décennies savoureuses (des années 50 à 70) aidées par une reconstitution particulièrement réussie et étudiée. Qu'on se le dise : pas besoin d'être fan de Claude François pour aimer ce film. L'histoire est suffisamment bien construite pour permettre au spectateur non connaisseur de ne pas se lasser. Pas de doute non plus que la brillante mise en scène de Siri y est pour quelque chose. On remarquera que comme pour "La môme", c'est un réalisateur issu du polar musclé (Olivier Dahan comme Siri ont fait leurs marques avec des films d'action avec un grand A) qui est derrière la caméra. La différence est flagrante avec le raté "Gainsbourg" où Sfar pensait qu'un acteur ressemblant à son modèle suffirait... La mise en scène de Florent Emilio Siri (dont c'est seulement le cinquième film en 14 ans) donne lieu à des scènes mémorables notamment un magnifique plan séquence qui voit Claude François aller de son appartement parisien (où l'attendent bon nombre de "minettes") à ses locaux de travail ou encore l'artiste chantant "My way" en Angleterre au Royal Albert Hall. Cette dernière séquence rappelle furieusement Robbie Williams chantant ce même chef d'oeuvre au même endroit avec une émotion équivalente. Le biopic proposé par Siri est particulièrement riche en informations  De son enfance en Egypte et ses terribles tête à tête avec son père qui le dénigrera jusque sur son lit de mort (ce qui donne lieu à une séquence d'une certaine cruauté) à sa mort stupide le 11 mars 1978 en passant par ses multiples amours, ses concerts déchainés mais aussi l'origine de certaines de ses chansons les plus populaires, le film se montre très complet même si, curieusement, l'attentat auquel il a échappé à Londres a été oublié.

 

Il ne suffit pas d'avoir un beau film à raconter, si le casting n'est pas à la hauteur. Il y a Benoit Magimel, un des acteurs fétiches de Siri, qui nous sort encore une de ses performances dont il a le secret. Dans le rôle de Paul Lederman le producteur de Claude François, il excelle une fois de plus s'étant fait plaisir en se grimant tel son modèle. Les scènes dans lesquelles il figure sont parmi les meilleures du film. Les autres artistes connus sont plus ou moins réussis (un petit bof quand même pour France Gall...). Mais Siri ne s'y attarde pas trop préférant les proches : Lederman/Magimel donc mais aussi les brillants Monica Scattini et Marc barbé qui jouent les parents de Claude François. Ces protagonistes sont mis particulièrement en avant et c'est tant mieux. le film n'en ressort que plus brillant. Les rapports, souvent conflictuels, entre le héros et ses proches sont souvent houleux et donnent lieu bien souvent à de magnifiques affrontements verbaux.

 

Et puis bien sûr il y a Jérémie Rénier. L'acteur ne joue pas Claude François, il EST Claude François. La composition de Rénier est bluffante, stupéfiante. Pour se convaincre du travail énorme qu'a effectué le comédien pour le film il n'y a qu'à regarder les séquences de danse avec les Clodettes et les comparer avec le modèle original. Au delà d'une ressemblance impressionnante avec celui qu'il incarne (la plus incroyable avec Elmosnino/Gainsbourg), Rénier s'est complètement glissé dans la peau de son personnage faisant évoluer avec une rare justesse Claude François à travers les différentes époques de sa vie. Du jeune homme plein d'ambition en Egypte à l'homme d'affaires des années 70, il campe le chanteur de façon inouï donnant souvent l'impression que l'on voit l'original et non une copie. Jérémie Rénier est l'atout majeur du film et est la principale raison de la réussite de cet excellent biopic à découvrir en salles pour avoir cette impression d'assister aux ultimes concerts d'un chanteur qui fut hors du commun jusqu'à sa mort.



18/03/2012
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