"Elle"
Pour son grand retour à la tête de la réalisation d'un long métrage, une première depuis "Black book" en 2006, Paul Verhoeven s'en est allé se laisser tenter par un film français.
Le cinéaste s'est intéressé à l'adaptation d'un roman de Philippe Djan, "Oh". On comprend vite ce qui a pu intéresser le réalisateur de "Basic instinct". Car d'instincts basiques, il en est encore question ici. Les plaisirs inavouables, la fascination du mal incarné par un personnage sexuel emblématique et charismatique, les personnages secondaires souvent eux même torturés par des démons malsains sont autant de critères présents ici et qui fascinent Paul Verhoeven.
Moins thriller que "Basic instinct", "Elle" s'en rapproche donc par sa perversion. Comme il a souvent aimé le faire, le personnage féminin central est en quête de plaisirs charnels inavouables. Dans un remake américain, on imaginerait volontiers Sharon Stone incarner ce personnage complexe.
Le choix ici est plus que judicieux avec celui d'Isabelle Huppert qui sied à merveille dans ce type de rôle. L'actrice apporte tout son naturel bluffant à cette bourgeoise emporté par un certain ennui qui va retrouver un sens de la plus curieuse et surtout de la plus glauque des façons en se faisant violer.
Le ton est d'ailleurs donné d'entrée de jeu avec cette fameuse et perfide scène de sexe violent qui n'est pas sans rappeler la baise assassine du prologue de "Basic instinct". Verhoeven veut nous mettre dans l'ambiance d'entrée de jeu et montrer le ton qu'il souhaite insuffler à son film.
Si Huppert est un pur joyau dans ce film, grâce à la qualité de son jeu et son omniprésence, elle est dans toutes les scènes, Verhoeven l'a entouré d'une galerie de personnages haute en couleur. Ils sont tous, autant qu'ils sont, habités par une certaine perfidie dans l'âme. Que ce soit ce vieux beau de Charles Berling qui se tape ses étudiantes, ou les graphistes de l'équipe d'Huppert qui se complaisent à incorporer des images hautement sexuels à un jeu vidéo, tous semblent à peine vouloir voiler leur perversité.
Dès lors pas étonnant de retrouver au milieu de ces "démons" un être qui marque le parfait contrepoint incarné ici par la si belle Virginie Efira. Dans la peau d'une croyante catholique, elle apporte une accalmie aux hormones qui découlent autour d'elle de façon perfide.
Qu'on se le dise, "Elle" n'est pas une enquête policière, c'est un miroir qui reflète les instincts primitifs qui sommeillent en chacun de nous. Verhoeven prouve encore une fois qu'il est un maître es en la matière et nous fait prendre conscience qu'il nous avait terriblement manqué.
"Elle" marque de la plus belle des façons son retour au premier plan. Le succès critique et public du film laisse espérer un retour du cinéaste qui sera cette fois moins long.
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