Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : « Emmanuelle » représente pour un large public français, ayant connu les années 70 et 80, une saga qui attira bon nombre de spectateurs, notamment le premier qui rencontra un succès phénoménal avec, notamment, 3 millions d’entrées rien que sur Paris !

L’arrivée massive de la vidéo à partir des années 90 stoppa l’engouement ciné des dernières suites tandis que les premières stars du X commencèrent à prendre le relai sur le petit écran.

Reste que « Emmanuelle » premier du nom, à la base un roman de 1956, ne pouvait que attirer l’attention d’une réalisatrice comme Audrey Diwan, auteure féministe assumée dont le précédent long, l’excellent « L’événement », revenait déjà sur une cause féminine, l’avortement.

La cinéaste a donc voulu, cette fois, remettre à la sauce #metoo une histoire qui pouvait paraître bien misogyne, bien qu’écrit par une femme à l’époque.

C’est tout à fait légitime de nous servir une énième variante de ce que l’on voit depuis l’affaire Weinstein. Mais c’est oublier que l’histoire d’ »Emmanuelle » n’est pas la plus ouf du monde et, de ce point de vue là, Diwan ne redresse pas vraiment la barre de l’œuvre originale. « Emmanuelle » 2024 est donc un film très bavard et les conversations, il faut bien le reconnaître, pataugent dans une certaine redite qui va plonger plus d’un spectateur dans l’ennui le plus total.

De même l’érotisme, qui a été quand même l’argument phare de la saga d’origine, est-il ici ultra nuancé et ne saurait apporter le moindre émoi chez qui aurait rêvé voir un beau film sensuel sur grand écran.

Et si on continue à se demander ce que fait Naomi Watts là dedans dans un rôle absolument inintéressant, on a quand même une bonne raison d’aller voir le film. Cette raison s’appelle Noemie Merlant. Enfin sur le devant de la scène d’un film majeur, l’actrice est majestueuse, magnifique, attractive… l’actrice dégage un aura incontestable et on ne voit pas ce qui pourrait stopper la formidable ascension qui est la sienne depuis quelques années. Sa seule présence réussit à transformer un film comme celui-ci en réussite malgré les nombreux bémols constatés.