Hommage à Alain Corneau et Claude Chabrol
Il est bien triste notre cinéma hexagonal en cette rentrée 2010 qui voit disparaitre deux de nos plus grands cinéastes à deux semaines d'intervalle. Alain Corneau et Claude Chabrol avaient deux points communs : une maitrise totale du polar où chacun a su donner quelques perles du genre et une diversité, par ailleurs, de leur cinéma, faisant d'eux de véritables et talentueux touche à tout.
C'est dans la science fiction (!) que commence la carrière de cinéaste de Corneau avec "France, société anonyme" mais c'est à partir de son deuxième film qu'il se fait un nom. En s'associant à Yves Montand, le cinéaste signe trois oeuvres majeures du polar français : "Police python 357" avec aussi Signoret, "La menace" et "le choix des armes" avec un casting de premier choix puisque, outre Montand, on y retrouve Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Gérard Lanvin, Michel Galabru et Richard Anconina. Entre deux Montand, il offre également à Patrick Dewaere un de ses plus beaux rôles dans "Série noire" qui voit la première apparition de celle que le cinéaste a élevé comme sa fille : Marie Trintignant. En 84, il abandonne le polar pour l'épique "Fort Saganne" avec Depardieu, Deneuve et Marceau. Après le méconnu "Le môme" avec Anconina, il signe le très beau "Nocturne indien" avec Jean-Hugues Anglade. La reconnaissance des César vient avec son film suivant, son meilleur pour certains, "tous les matins du monde" avec Depardieu père et fils. Il enchaine avec l'excellent "le nouveau monde" qui est hélas un échec au box office mais que je vous recommande très très vivement. Il revient au polar avec "le cousin' puis le magnifique "Stupeur et tremblement" avec une excellente Sylvie Testud. Cette même Testud, Corneau la retrouve pour son film suivant "les mots bleus". "Le deuxième souffle" avec un casting haut de gamme, Daniel Auteuil, Jacques Dutronc, Michel Blanc, Monica Bellucci est une déception. Ce qui n'est pas du tout le cas de ce qui sera son dernier film, l'excellent "Crime d'amour" sorti il y a quelques semaines, pour ainsi dire à titre posthume. Un grand cinéaste toujours maitre de son art.
Revenir sur toute la filmo de Chabrol serait bien long. 60 films pour ainsi dire. Produit phare de la tristement célèbre nouvelle vague (qui a fait plus de tort au cinéma français que de bien, j'assume), il débute sur les chapeaux de roues avec "Le beau Serge" référence de cette nouvelle génération de cinéma. Il enchaine sur "les cousins" avec la même équipe avant de diriger le jeune Jean-Paul Belmondo dans "A double tour". Sa femme la plus connue, Stéphane Audran, Chabrol la dirige pour la première fois dans "les bonnes femmes" en 60 puis la retrouve dans ses films suivants, peu marquants, "Godelureaux"et "l'oeil du malin". Chef d'oeuvre en 62 avec "Landru" qui offre à l'immense Charles Denner un de ses plus beaux rôles. Et Chabrol de montrer par là même son goût du film noir qu'il a depuis son amour pour le cinéma d'Alfred Hitchcock. Chabrol s'exécute dans le film alimentaire en tournant des épisodes du "tigre" sorte de James Bond du pauvre tout en continuant ses films plus intimistes comme "Scandale" et "la route de Corinthe" des films quelque peu tombés dans l'oubli...En 68 et 69 Chabrol signe trois oeuvres majeures de sa filmo et par là même du cinéma, tout d'abord "la femme infidèle" avec Stéphane Audran et Michel Bouquet puis les brillants "Que la bête meure" avec Michel Duchaussoy et Jean Yanne. Ce dernier trouve un de ses plus beaux rôles dans "le boucher" la même année. Après quelques films de moindre importance, il retrouve Jean-Paul Belmondo pour "Docteur Popaul" qui sera un des plus grands succès du cinéaste. La notoriété de Bébél étant pour beaucoup dans ce triomphe. Il continue dans le même temps à diriger Stéphane Audran "les noces rouges" (avec Piccoli), "Folie bourgeoise" mais aussi Romy Schneider dans "les innocents aux mains sales". C'est en 78 qu'il dirige pour la première fois "sa muse" Isabelle Huppert dans "Violette Nozière". Dans les années 80, retenons "les fantômes du chapelier" avec Michel Serrault ainsi que "Poulet au vianigre" et sa suite "inspecteur lavardin" personnifié par Jean Poiret sans oublier "une affaire de femmes". Il offre à Huppert un rôle magnifique dans "Madame Bovary" Dans les années 90, il dirige Marie Trintignant dans "Betty" avant le solide "l'enfer" avec un grand François Cluzet. 95 un très grand cru avec un chef d'oeuvre "la cérémonie" avec Huppert et Bonnaire. Les années 2000 ne le faiblissent pas qualitativement, preuve en est faite avec "merci pour le chocolat" ou encore "l'ivresse du pouvoir". Son dernier film lui permet de diriger pour la première fois Depardieu. Ce sera "Bellamy".
Le cinéma se sent bien orphelin après ces deux départ.
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