Indy Blave interviewe Maud Wyler (1ère partie-les débuts, le théâtre, les courts métrages...)
Maud Wyler avec votre serviteur en juillet 2013
Maud Wyler est une jeune actrice de 30 ans. Elle alterne, depuis plusieurs années déjà, théâtre, cinéma, courts métrages, téléfilms, séries...
C'est en la découvrant à la télé dans le film "Vertiges" que j'ai décidé de la contacter afin de lui proposer une interview. Maud a répondu spontanément oui à ma demande. Heureux hasard des dates, quelques jours après ce premier contact par mail, son nouveau film "Deux automnes, trois hivers" était présenté en avant première publique. Et, autre hasard, la marraine de mon blog, Audrey Bastien, est sa partenaire dans cet excellent film.
Maud a tenu son engagement et nous nous sommes retrouvés dans un bar parisien pour une interview de près de trois heures où l'actrice m'a fait part de tous ses enthousiasmes quant à son métier, mais pas que... Je vous laisse soin de découvrir son interview :
Indy Blave : Commençons par le début : Maud Wyler, ton nom, suppose des origines anglaises, est-ce le cas ?
Maud Wyler : J’ai des origines écossaises, mon nom se prononce « Wiler » (consonance en « i »). Je suis une branche de la famille de William Wyler. Mon grand père l’avait rencontré d'ailleurs aux Etats-Unis.
IB : Actrice, cela a toujours été évident pour toi ?
MW : Ah oui, j’ai toujours voulu faire ça. Quand j’ai su, qu’en plus, on pouvait gagner sa vie en faisant cela, j’ai trouvé que c’était une sacrée bonne idée ! (rires)
IB : Tu as des acteurs, des actrices qui t’ont influencé étant enfant ?
MW : C’est une bonne question car je ne suis pas de nature fanatique. Je n’ai pas eu de coup de cœur. J’ai été fille unique les huit premières années de ma vie, du coup je me créais des personnages toute seuls.
IB : Tu as commencé à faire du théâtre très tôt ?
MW : Oui, dès l’âge de cinq ans. J’ai fait beaucoup d’écoles de théâtre. J’ai toujours voulu être actrice. Je n’ai même jamais envisagé faire autre chose. Ma mère est danseuse, alors la scène…Elle dansait jusqu’à ses huit mois de grossesse. Alors forcement quand je lui ai dit que je voulais être actrice, elle n’avait pas trop d’arguments pour s’y opposer. Malgré tout, j’en parlais assez peu car j’étais assez pudique. Je pense d’ailleurs l’être encore parce que j’ai l’impression parfois qu’être actrice c’est comme dire un gros mot. J’ai souvent pensé que les actrices avaient l’image de celles qui emmerdent le monde, qui sont assez égocentriques. Mais je suis maintenant un peu réconciliée avec cette idée.
IB : Tu vivais où étant jeune ?
MW : Je vivais dans les Yvelines, donc pas loin de Paris
IB : Après les études, tu as fait quoi ?
MW : Je suis « montée » à Paris. Pour payer mes cours de théâtre, j’ai fait du télémarketing, j’ai tracté pour un coiffeur, vendu des sandwichs, hôtesse… Ce sont des petits boulots qui m’ont d’ailleurs pas mal appris sur mon métier. Tu apprends à parler, à grandir…
IB : Qu’as tu fais comme école de théâtre ?
MW : J’en ai fait plusieurs, trop peut être, j’ai fait « Les ateliers du Sapajou » à Montreuil, puis « Les ateliers du soir » à Chaillot, en même temps que le « Conservatoire d’arrondissement du centre » dans le 1er. Puis j’ai fait le « Studio théâtre d’Asnières » et enfin le Conservatoire.
IB : Ta première pièce référencée sur Wikipedia, c’est « Le comte de Monte Cristo »…
MW : Oui c’était ma première pièce professionnelle, on est parti à Prague, on a dû jouer avec des Tchèques. On était tous affublés de nez de clowns. On se partageait les rôles, on parlait peu, c’était basé sur de l’impro. C’était une expérience riche. J’étais très jeune.
IB : Actrice, pour toi, c’est d’abord le théâtre ?
MW : Non. C’est juste que le théâtre demande moins de postulats techniques que le cinéma. Mais de manière générale, c’est du jeu. C’est vrai que le théâtre demande plus d’endurance mais j’aime les deux, cinéma et théâtre.
IB : Cette année, tu as fait « Cyrano de Bergerac »…
MW : Mi juin, on a fini la tournée de six mois. On reprend l’année prochaine et on terminera au théâtre de l’Odéon.
IB : Tu joues qui ?
MW : (sur l’air de la chanson de Police) « Roxaaane » (rires). Sublime rôle, c’est une pièce, un rôle énormes. Tous les soirs je re découvre cette pièce. C’est une pièce étonnante, les gens s’en emparent, même les enfants de six ans. Je vois parfois des hommes verser une larme dans leur costume de ville. C’est au bout de quelques temps que j’ai réalisé le poids du rôle.
IB : Parlons de tes courts métrages. Ta première expérience devant une caméra, c’était pour un court ?
MW : Bébé j’avais fait quelques pubs car mon père était dans ce domaine, il bossait dans la pub. Je n’avais pas peur de la caméra. Pour moi les courts c’est une super école, tu peux essayer des trucs, rencontrer des gens avec des projets. Les premiers courts, c’était avec des copains, on essayait des choses, on prenait son temps. Les courts ont quelque chose d’assez fabuleux. Mes premiers courts, je les trouvais en posant ma photo dans des écoles de ciné. Une fois fini le Conservatoire, cela est devenu plus facile. J’ai pu rencontrer des gens qui développent maintenant des longs, avec qui je suis à même de retravailler. Ce sont des gens dont j’aime les univers. Je sais que tous ces courts m’ont appris avant de faire des longs.
IB : Comment prépares tu un rôle ?
MW : Il y a quelque chose que je vais d’abord provoquer. Je vais me documenter, lire sur les univers qui entourent mon personnage, je suis très active dans ma recherche. J’aime beaucoup échanger avec le réalisateur. J’aime demander s’il a un film de référence pour le personnage, ou un tableau. Puis j’aime bien oublier, et voir comment le corps et les émotions vont prendre en charge ce travail là. C’est là que l’on voit que les acteurs peuvent fonctionner comme des machines. A un moment enfin je « lâche la bête » (rires). Au début je pensais pouvoir tout jouer, je voulais tout jouer. Mais j’ai dû admettre que nos personnages nous ressemblent quand même. Il n’y a pas de hasard, tous les personnages que j’ai joués sont proches plus ou moins de moi. Une fois, une seule, j’ai joué un personnage complètement différent de moi, c’était assez jubilatoire, une tueuse en série hyper matérialiste, qui tuait pour des fringues, qui riait bêtement…Là quelque chose a lâché, ma tête a lâché, un peu comme si j’avais mis un nez de clown et me cachait derrière.
IB : Tu aimerais jouer une vraie méchante ?
MW : Je mets toujours un peu de méchanceté dans mes personnages, je ne leur enlève pas leur part d’ombre. Roxane par exemple fait les choses pour elle, elle veut être aimé à tout prix, elle est égocentrique et doit l’assumer.
IB : Si tu joues un personnage, comme Roxane, qui a déjà été joué, tu regardes d’autres interprétations ?
MW : Je fais bien gaffe de ne rien regarder (rires), je vais avoir tendance à être admirative et du coup me rabaisser. Les inspirations sont plutôt inconscientes.
IB : Parmi tout ce que tu as fait, il y a des émissions radiophoniques, (des histoires racontées via la radio), comment cela se prépare ? Tu as ton texte devant toi que tu lis ?
MW : Oui c’est ça. Tu reçois un texte, je le lis pour moi. Je trouve que l’exercice est difficile car pour moi la voix ne triche pas ce qui n’est pas le cas de l’image que tu peux « éclairer », « modeler ». Mais la voix livre une énorme intimité. Je trouve l’exercice fabuleux, j’aimerais pouvoir en faire plus d’ailleurs.
IB : Tu as déjà fait du doublage ?
MW : Ca me plairait assez mais cela demande de beaucoup de temps dans les couloirs de salles de doublage à attendre de pouvoir mettre « un pied dedans ». C’est un temps que je n’ai pas eu.
IB : Tu te verrais plus doubler un acteur ou plutôt un cartoon où l’on est plus dans le « sur jeu » ?
MW : Les deux me plaisent vraiment. Mais parfois, dans la vie, je peux être très « cartoon ». Etant petite j’aimais beaucoup « The mask », j’avais une fascination pour Jim Carrey, l’élasticité de son visage, toutes les facettes de jeu qu’il pouvait avoir, je trouvais cela très jubilatoire. Paradoxalement, c’est un acteur qui sait émouvoir comme dans « the Man on the Moon ». Je sais que je peux avoir une tristesse sur mon visage et l’instant d’après avoir une énergie qui me fait délirer (rires)
IB : Tu te verrais faire un « one woman show » ?
MW : Je trouve cela tellement dur d’être seule en scène. On m’avait déjà évoqué cette idée. Je pense que c’est un exercice très fort. A priori c’est une sensibilité qui me paraît assez lointaine mais bon tout peut arriver !
IB : Tu as fait quelques séries dont « Un flic ». Et puis tu as fait un « faux téléfilm », « Roses à crédit » d’Amos Gitlai qui devait sortir en salles mais qui, pour une histoire de production, est finalement directement diffusé à la tv. Ca été un coup dur pour l’équipe ?
MW :Oui. Et cela a été un manque de chance pour moi car j’avais un chouette rôle au milieu d’un casting archi-français hyper symbolique. Il devait sortir le jour de mon anniversaire, le 14 décembre. Et dix jours avant la sortie du film, Amos m’envoie un texto, il y a un problème avec le film. Je suis très heureuse de l’avoir fait mais je suis triste qu’il ne soit pas sorti.
IB : C’est la première fois que tu jouais avec des gens connus (Pierre Arditi, Lea Seydoux…), est ce que cela impressionne ?
MW : Au départ je pensais cela, et puis je me suis surprise à ne pas l’être et j’étais la première étonnée. Tu rencontres des êtres humains avec leurs problèmes. Au moment de jouer c’est formidable. Pierre Arditi, par exemple, est un conteur formidable et là t’as envie de devenir spectateur car il raconte très très bien. Tu es dans le même bateau qu’eux, comme eux tu essaies des choses.
IB : Il y a eu « Le repaire de la vouivre » aussi…
MW : Ca c’est un petit rôle. J’avais les cheveux très longs à l’époque. C’est marrant de penser que certains rôles tu les as pour des raisons anodines comme là pour mes cheveux. Ca m’a permis de rencontrer Jean Marc Barr qui est vraiment très solaire, il a une telle générosité, un tel optimisme sur un tournage.
IB : Il t’est arrivé de refuser des rôles ?
MW : En télé oui, quand je trouve que cela présente des choses caricaturales au mépris de l’intelligence du public. Je n’arrive pas à me foutre de la gueule du public. Et parfois on te demande ça. « Joue vite, ne joue pas la situation » et, du coup, j’ai l’impression de ne pas remplir mon contrat vis à vis. Je ne veux pas être responsable de ça car on est porte parole quelque part. Mais bon je n’ai pas refusé non plus de grands rôles, pas les rôles d’une vie. Je ne crois pas en tout cas (rires). De toutes façons les choses se font ou pas.
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