"J'aime regarder les filles"
Très en vogue outre atlantique, les films mettant en scène des jeunes de 20 ans sont plus rares de notre côté. Mais surtout, en France, ils ont tendance souvent à se distinguer par une certaine mollesse générale même si un net retour en force se fait ces derniers temps à en juger la très bonne qualité de films tels que "Les beaux gosses" ou "Simon Werner a disparu".
Sur fond d'élections présidentielles 81, "J'aime regarder les filles" confirme ce bon rythme entamé dans notre hexagone. La retranscription de cette époque capitale chez nous (l'arrivée du socialisme au pouvoir pour la première fois au cours de la Ve république) est plutôt fidèle mais, hélas, accumule les clichés du genre. Les pro Mitterrand sont forcement fils d'ouvriers (ou ici de fleuristes) ou étrangers (et victimes de racisme évidemment). Ce sont, qui plus est, les gentils de l'histoire. Les déçus sont des clones de Jean Sarkozy, sont fils à papa, détestent les pauvres et, malgré leurs diplômes, suffisamment suffisamment naïf pour dire "Mitterrand ? Dans 6 mois il ne sera plus au pouvoir." (rires). Dommage que Frederic Louf cumule à ce point tant de clichés car, à côté de cela, le réalisateur nous sert une jolie variante de Roméo et Juliette où la Juliette en question n'est pas forcement celle que l'on croit. Avec à la clé un très joli final.
Et puis surtout Louf est aidé par trois acteurs particulièrement talentueux. Pierre Niney est le doux héros lunaire de ce conte (presque) moderne, oscillant la naïveté de son âge, les illusions que l'on a, accompagnées d'une certaine intelligence d'esprit. Ses deux jolies partenaires Audrey Bastien (déjà présente dans l'excellent "Simon Werner a disparu") et Lou de Laâge donnent toute la mesure de leur talent juvénile dans le rôle de deux "bourges" qui sortent quelque peu des sentiers battus. Parions que l'on reparlera très vite de ces trois là. On n'oubliera quand même pas les "adultes" du film avec une mention spéciale au père Michel Vuillermoz formidable de justesse.
Malgré ses défauts de premier film, Louf a peut être réalisé le meilleur film de "jeunes" depuis "le péril jeune" de Cedric Klapisch. On ne peut que souhaiter au jeune réalisateur la même carrière que le metteur en scène de "L'auberge espagnole".
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