« L’amour et les forêts »
Elle tourne décidément à un rythme bien soutenu, dont elle s’auto moquait d’ailleurs lors des derniers César. A peine la quitte t-on sur un rôle que Virginie Efira nous revient dans la peau d’un autre personnage.
D’un autre personnage ? Vraiment ? Cela fait quelques films successifs que l’actrice semble se complaire dans un même registre où elle donne l’impression de jouer une même personne dans un contexte différent. Virginie Efira semble traverser un multiverse, dont le point commun est « rôle à César ». Virginie laisse ses personnages glisser en elle pour ne devenir qu’un : Virginie est victime d’un attentat (« Revoir Paris »), Virginie veut un enfant (« Les enfants des autres »), Virginie est bipolaire (« En attendant Bojangles »)…
Le processus est chaque fois le même : l’actrice sort son visage le plus sombre, nous octroie quelques scènes de pleurs et nous gratifie d’une, voire plusieurs, séquences à poil (ce qui n’est pas déplaisant en soi) histoire de nous indiquer qu’elle ne se met aucune limite.
« L’amour et les forêts » ne fait pas figure d’exception à la règle. Virginie est cette fois harcelée par son mari et doit s’en sortir par ses propres moyens. Le rituel, indiqué ci-dessus, peut donc se mettre en marche. Attention, nous ne sommes pas ici insensibles aux performances de la comédienne que nous adorons au demeurant. La comédienne maîtrise parfaitement ses compositions et sait se montrer exemplaire dans ses interprétations. Celle-ci ne fait pas exception à la règle. Sauf que la comédienne ne nous surprend plus.
Sa quête du César, dont elle n’a jamais vraiment dissimulé son envie réel d’en avoir un, ayant été comblée en mars dernier, peut-être va t-elle corriger le tir de son plan de carrière dessiné depuis quelques temps. A moins qu’elle ne soit une sorte de Novak Djokovic du cinéma assoiffée de récompenses auquel cas on devrait la retrouver dans le même type de rôles encore un moment.
Et le film dans tout ça ? Clairement on ne s’y ennuie pas malgré un style très académique et un manque quasi total de surprises. Virginie Efira et Melvil Poupaud sont parfaits bien sûr mais le film ressemble tout de même beaucoup à un de ces innombrables téléfilms de France 2 du mercredi soir avec son petit débat thématique d’après. On imagine, à ce titre, volontiers la diffusion de ce film sur ce créneau avec le débat sur « l’épouse emprisonnée dans son propre couple ».
Valérie Donzeli livre un film soigné et sans fard mais qui ne se démarque, hélas, pas des multitudes de films féministes qui envahissent nos écrans depuis quelques années. Son final, dont on pouvait espérer un beau « twist », en est le principal reflet.
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