Les réalisations non reconnues de cinéastes légendaires.
Les films que nous regardons tous ont évidement un réalisateur mentionné. Mais est-ce vraiment lui qui a mis en scène le film ?
Pour diverses raisons, certains films ont vu des réalisateurs changer en cours de route. Parfois officiellement, mais parfois de manière plus subtile.
Voici ci-dessous les réalisations non reconnues de quelques légendes du cinéma :
AUTANT EN EMPORTE LE VENT (1939)
Réalisateur officiel : Victor Fleming
Réalisateur officieux : George Cukor
Cukor commença le tournage d’un des plus grands monuments du cinéma avant d’être « remercié » au bout de trois semaines par le producteur David O Selznic au profit de Victor Fleming.
SPARTACUS (1960)
Réalisateur officiel : Stanley Kubrick
Réalisateur officieux : Anthony Mann
Acteur de légende, Kirk Douglas était également un producteur exigeant voire même colérique. Aussi lorsque au bout de quelques jours de tournage, la vision de Anthony Mann, qu’il a engagé pour réaliser « Spartacus », qu’il produit ne lui convient pas, Douglas vire illico le cinéaste. L’acteur fera alors appel à Stanley Kubrick, avec qui il a déjà travaillé sur « Les sentiers de la gloire » et avec qui il s’entend bien. Et malgré un tournage difficile, il en résultera le grand film que l’on sait.
ALAMO (1960)
Réalisateur officiel : John Wayne
Réalisateur officieux : John Ford
Méga star du Western, John Wayne rêve depuis longtemps de raconter la fameuse bataille du fort Alamo. Wayne veut en profiter pour signer sa première réalisation. Cependant l’acteur aura recours à l’aide de son ami et mentor John Ford qui dirigea la seconde équipe mais ne fut pas crédité. On raconte qu’aucune séquence tournée par Ford ne fut finalement retenue.
UN FRISSON DANS LA NUIT (1971)
Réalisateur officiel : Clint Eastwood
Réalisateur officieux : Don Siegel
En 1971, Clint Eastwood se lance enfin dans son rêve de devenir cinéaste. Le métier ne s’apprenant pas tout seul, Clint s’aperçoit vite qu’il a besoin d’aide pour réaliser son premier film. Aussi demande t’il à son ami Don Siegel de venir lui donner un coup de main. Le cinéaste ne se fait pas prier pour accepter et sera présent sur le plateau pour donner divers coups de mains et conseil à son pote. Siegel apparaît d’ailleurs dans le film dans le rôle d’un barman.
LE MANS (1971)
Réalisateur officiel : Lee H. Katzin
Réalisateur officieux : John Sturges
« Le Mans » est un projet auquel tenait plus que tout son acteur principal Steve McQueen lequel produisit le film. Pour le réaliser il fait appel à son ami John Sturges lequel a fait de McQueen une star du grand écran grâce aux films « Les sept mercenaires » et « La grande évasion ». Le tournage va pourtant très vite se transformer en cauchemar pour Sturges qui subit les multiples caprices de la star McQueen qui impose tous ses points de vue. Fatigué par les excès d’une star dont le divorce d’avec Neile Adams n’arrange pas les choses, Sturges finit par dire « Je suis trop vieux et trop riche pour supporter ça ». Le cinéaste claqua la porte du tournage remplacé par Lee H. Katzin. Sturges et McQueen ne tournèrent plus jamais ensemble...
MON NOM EST PERSONNE (1973)
Réalisateur officiel : Tonino Valerii
Réalisateur officieux : Sergio Leone
Voilà un des cas les plus litigieux sur cette thématique des réalisateurs non officiels. « Mon nom est Personne » est un film écrit et produit par Sergio Leone dont le nom au générique apparaît d’ailleurs nettement plus que le réalisateur « officiel » qu’est Tonino Valerii. Dans un long entretien autour de sa carrière, Leone indiqua avoir dirigé la deuxième équipe en s’octroyant ainsi la mise en scène de la scène d’ouverture, celle de « la horde sauvage » et le duel final. Autrement dit les trois meilleures séquences du film. Ce furent là des propos qui firent sortir Valerii de ses gonds lequel apporta un démenti formel indiquant de son côté que Leone ne dirigea qu’une seule scène, la plus ratée celle de la pissotiere, dans le seul but de faire plaisir à Terence Hill qui rêvait d’être dirigé par le Maître. Certaines rumeurs vont jusqu’à prétendre que Leone aurait réalisé l’intégralité du film mais n’aurait pas souhaité voir son nom rattaché une nouvelle fois à un western, lui qui rêvait déjà de son « Il était une fois en Amérique ». Quand on lui pose la question « qui a réalisé le film ? » Terence Hill chaque fois lâche un « No comment » qui peut en dire long...
JOSEY WALES HORS LA LOI (1975)
Réalisateur officiel : Clint Eastwood
Réalisateur officieux : Philip Kaufman
Le futur réalisateur de « L’étoffe des héros » est engagé pour réaliser ce western. Mais des divergences de points de vue font vite leurs apparitions accentués par l’engagement de Sondra Locke par Clint Eastwood contre l’avis de Kauffman. Résultat : Kauffman est renvoyé au début du tournage au profit de Eastwood lui-même :
« « C'est moi qui l'avait engagé pour réécrire le script et le réaliser. Son travail de scénariste était excellent, mais au tournage il s'avéra que nos points de vue différaient totalement. J'avais investi mon argent personnel pour acheter les droits du livre, passé beaucoup de temps à développer ce projet, conçu une vision précise de ce que devait être le film. L'approche de Phil était sans doute fondée, peut-être meilleure, mais ce n'était pas la mienne, et je m'en serais voulu si le résultat n'avait pas correspondu à ce que j'espérais »
SUPERMAN 2 (1980)
Réalisateur officiel : Richard Lester
Réalisateur officieux : Richard Donner
De tous les cas énoncés ici, « Superman 2 » apparaît comme le film sur lequel la « tricherie » sur la réalisation officielle est la plus contestable. Car « Superman 2 » est bien au trois quart réalisé par Richard Donner dont l’essentiel des plans furent tournés en même temps que le premier opus.
Il y eut d’abord Marlon Brando qui fit un procès à la production lorsqu’il apprit que des scènes qu’il avait tourné allait être utilisé pour « Superman 2 » alors qu’il n’avait signé que pour un seul film.
Donner entra vite en conflit avec la production. Cette dernière vira le futur réalisateur de « L’arme fatale » et ses suites pour engager Richard Lester qui récupéra donc un film quasiment fini.
Par la suite, la version de Richard Donner fut rendue disponible en version dvd.
POLTEEGEIST (1982)
Réalisateur officiel : Tobbe Hopper
Réalisateur officieux : Steven Spielberg
L’histoire de « Poltergeist » ressemble beaucoup à celle de « Mon nom est Personne ». Il y a ici aussi un producteur, réalisateur la plupart du temps, bien envahissant. Steven Spielberg a écrit et produit le film. Alors qu’il tourne « E.T. » sur un plateau voisin, Spielberg est très souvent présent sur celui du film officiellement dirigé par Tobe Hopper. Il en faut pas plus pour les rumeurs jaillissent de part et d’autre indiquant que le réalisateur des « Dents de la mer » est également celui de ce « Poltergeist ». Le trouble est d’autant plus grand lorsque une équipe de tournage journalistique se rend sur le plateau en filmant largement Spielberg...
WAR GAMES (1983)
Réalisateur officiel : John Bandham
Réalisateur officieux : Martin Brest
C’est le futur réalisateur du « Flic de Beverly-Hills » qui entama le tournage de ce classique de la science-fiction. Mais sa vision du film manquait de légèreté et s’avérait trop sombre aux yeux des producteurs qui préférèrent le renvoyer au profit de John Badham après deux semaines de tournage.
LA CORDE RAIDE (1984)
Réalisateur officiel : Richard Tuggle
Réalisateur officieux : Clint Eastwood
« La corde raide » un film de Richard Tuggle. Qui ça ?? Bah Richard Tuggle quoi. L’apprenti cinéaste a croisé le chemin de Clint Eastwood sur le tournage de « L’évadé d’Alcatraz » dont il a écrit le scénario. En 1983, Tuggle écrit « La corde raide » qu’il souhaite réaliser lui même. Eastwood sera son acteur principal. Sauf que très vite Tuggle montre ses limites en matière de cinéaste. Eastwood va faire plus que de lui donner un coup de main en réalisant lui même plusieurs séquences du film. Il refusera néanmoins d’être crédité en tant que réalisateur du film.
WATERWORLD (1995)
Réalisateur officiel : Kevin Reynolds
Réalisateur officieux : Kevin Costner
Déjà en divergences artistiques sur le tournage de « Robin des bois, prince des voleurs », les rapports houleux ne vont pas disparaître avec ce « Waterworld ». Kevin Costner, acteur principal et producteur du film, veut imposer sa vision qui n’est pas celle de Reynolds. Ce dernier finira même pas partir avant la fin du tournage laissant Costner libre de faire le film qu’il veut.
SOLO (2018)
Réalisateur officiel : Ron Howard
Réalisateurs officieux : Phil Lord et Christopher Miller.
Disney, enfin les producteurs, engage(nt) les prometteurs Phil Lord et Christopher Miller bien honorés de se retrouver aux commandes d’un épisode, même dérivé, de la plus prestigieuse saga de tous les temps. Mais le côté fun et décalé que veulent proposer le duo ne va pas être du tout du goût de la production. La sentence est sans appel : virés ! C’est le bon élève Ron Howard qui est appelé à la rescousse. Mais il ne saura rattraper un film qui tombera dans les abîmes de la médiocrité.
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