Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Sur le papier, l’intrigue de départ de « Pauvres créatures » a des allures d’ersatz de « La fiancée de Frankenstein » un classique qui approche gentiment le siècle d’existence et qui pouvait, de ce fait, mériter une certaine relecture quand bien même certains cinéastes s’y sont malgré tout essayé entre-temps.

« Pauvres créatures » n’a cependant pas vocation de mettre en avant un monstre même si l’opération subie par l’héroïne est assez ignoble en soi : pensez donc une femme qui se retrouve greffée du cerveau de l’enfant qu’elle portait !

Film d’horreur ? Non. Passée cette entrée en matière des plus tordues, Yórgo Lánthimos choisit une voie qui lorgnerait presque vers le « Edwards aux mains d’argent » de Burton ou comment une « créature », lucide sur sa différence, en vient à vouloir découvrir le monde tout en se faisant accepter pour ses différences. La comparaison avec le chef d’œuvre de Johnny Depp et Winona Ryder s’arrête cependant ici.

« Pauvres créatures » nous plonge dans un 19e siècle aux décors superbes où Emma Stone, l’héroïne, peut aller dans des contrées qu’elle n’avait jamais explorées mettant en avant toute la puissance de son jeu. En totale liberté avec son corps, l’actrice se lâche littéralement et ne se met aucune barrière. Brillante, drôle, dramatique, sans complexes aucun (pourquoi en aurait-elle cela dit ?), l’actrice est l’attrait numéro un d’un film dans lequel elle est exceptionnelle. Aidée par des partenaires au top, Mark Ruffalo et Willem Dafie en tête, Emma Stone parcourt une partie du monde au service d’un brillant scénario qui enchaîne bon nombre de scènes qui vous mettront KO et tant pis si certaines d’entre elles, il est vrai, ont peut être parfois tendance à se ressembler.

C’est touchant, percutant, avec pas mal de bons sentiments jusque son final. Une des bonnes surprises de ce début d’année.