« Anora »
La palme d’or qu’on n’avait pas vu venir. Alors que le dernier festival de Cannes se voyait médiatisé à coup de Coppola, et son décevant « Mégalopolis », Lellouche avec son ambitieux « Amour ouf » et autre Kevin Costner, c’est finalement le ni vu ni (très) connu Sean Baker qui remportait le titre le plus glorieux.
Que ce prix ait été obtenu sous la présidence de Greta Gerwig n’a, cependant, rien de surprenant. On comprend aisément tout ce qu’a pu aimer l’actrice / cinéaste jusqu’à même penser qu’elle n’aurait pas rechigné à le réaliser si l’occasion lui avait été donnée.
Alors que la séquence d’ouverture nous annonce d’ores et déjà une bande son musicale haut de gamme, Baker ne va avoir de cesse de nous épater à travers un film qui mélange subtilement drama et comédie autour d’un scénario béton.
Cela commence tel une « rom com » façon « Pretty woman » (un riche fils à papa tombe amoureux d’une prostituée) jusqu’à d’ailleurs emprunter une séquence au célèbre film de Gary Marshall (la scène de la négociation du prix). Mais la comparaison ne peut se faire que sur la première partie jusqu’à qu’une ambiance à la Scorsese, période « After hours » ne vienne prendre le relais.
Dés lors le film vire dans une ambiance où le délire n’est pas loin quand la jeune héroïne met à mal des hommes de main russes assez minables et débordés par une situation que des gens talentueux auraient géré de main de maître.
C’est Mikey Madison, aperçue chez Tarantino dans « Once upon a time in Hollywood » mais aussi dans le remake / suite de « Scream », qui prête ses traits au rôle titre. On comprend aisément que Baker a vu les deux films pré-cités pour faire son choix sur l’actrice. Cette dernière est évidemment l’atout maitre du film. Exubérante, délirante, émouvante et drôle, la comédienne sort toute une panoplie de jeu étonnant sans jamais être dans le « trop ». C’est LA révélation du film même si on aurait tort de ne pas citer l’ensemble de ses partenaires, tous parfaits, de Mark Eydelshteyn (excellent merdeux fils à papa) à Yura Borisov (homme de main bête et méchant apparemment mais pas tant que ça…) en passant par Karren Karagulian (la scène où il se barre en plein baptême de son fils est déjà culte) et Vache Tovmasyan (le bras droit qui se prend des pains par la jeune héroïne).
Ne tombant jamais dans une quelconque scène qui paraîtrait inutile, « Anora » est une vraie pépite où l’on voit pas les 2h20 passer tant le cinéaste a su y insuffler des dialogues qui font mouche, des rebondissements bienvenus en sachant nous toucher en plein cœur chaque fois. C’est assurément une Palme d’or amplement méritée.
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