Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

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« Asterix et Obelix, l’empire du milieu »

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Au départ, il y eut une très mauvaise idée, mais Guillaume Canet n’y peut pas grand chose : tourner ce film en 2020 en Chine… de cette situation que l’on qualifiera de cocasse, Canet en tirera un des premiers gags de son film quand, à propos de la potion magique, il se demande s’il est raisonnable d’en prendre car, après tout, on n’a pas assez de recul quant à sa contenance ni sur ses effets à long terme… ça ne vous rappelle rien ?

 

Le ton est donc donné d’entrée de jeu et Canet sait qu’il serait attendu au tournant. Se doutait-il qu’il serait à ce point exposé à une telle agressivité envers des internautes désireux de condamner le film avant même sa naissance ? Les mêmes qui, sans aucun doute, auraient fustigé le film de Chabat en son temps si les réseaux sociaux avaient existé. Vingt ans plus tard, plus personne n’a à redire du casting labellisé Canal + qui honorait de sa présence le « Asterix, mission  Cléopâtre ». Alors pourquoi Canet se priverait-il d’en faire de même en recrutant les visages reconnus du moment quand bien même n’y va t-il pas par le dos de la cuillère sur le sujet ?

 

Nous aimons beaucoup Guillaume Canet sur ce blog  et avions foi en son projet. Mais il était hors de question de l’aimer par principe sous prétexte que nous en adorions le casting de base. Et Canet ne nous a pas toujours rassuré en annonçant, notamment, que son film ne serait pas une adaptation d’un album mais un scénario original. Le seul à avoir fait cela auparavant, dans les films en prises de vues réelles, est Claude Zidi avec le tout premier épisode qui s’avéra être largement le plus mauvais de la série.

 

C’est dire s’il est difficile de sortir de la ligne tracée par René Goscinny. Uderzo lui même n’y arriva pas, enchaînant des albums de piètre qualité (hormis les trois premiers qu’il écrivit en solo) jusqu’à descendre dans les abîmes de la nullité absolue, que celui qui a réussi à relire « Le ciel leur est tombé sur la tête » lève le doigt…

 

Canet a sans doute eu conscience du challenge qui s’ouvrait à lui et l’a relevé grâce à un point de départ non négligeable : remettre en avant les vrais héros de ces aventures, en l’occurrence Asterix et Obelix. Car force est de constater que, depuis l’épisode de Chabat, les deux héros avaient eu tendance à etre relégués au rang de faire valoir au profit de seconds rôles plus ou moins bien écrits. Il faut dire que les 14 millions d’entrées obtenues par « Mission Cléopâtre » ont vite fait d’inciter les successeurs de Chabat de prendre la même route en recrutant de la guest star en veux-tu en voilà en sacrifiant nos deux gaulois préférés.

 

Comme écrit plus haut, du recrutement en terme de vedettes, il y en a ici beaucoup. Trop. Mais cette fois ci, ceux-ci n’ont pas mission de faire de l’ombre à notre duo vedette mais plutôt de les accompagner dans leur quête.

 

A partir de cet état de fait, il fallait trouver le casting qui allait jouer Asterix et Obelix. Ce n’est pas forcément le petit gaulois qui est difficile à imposer. Car, pour rappel, Asterix a (quasiment) changé de visage chaque fois, Christian Clavier étant le seul à l’avoir incarné deux fois. Canet s’est donc offert le rôle, mais a dû chercher celui qui devait faire oublier Depardieu / Obelix. A lire les réseaux sociaux, le grand Gérard était aussi indissociable du rôle qu’avait pu l’être, en son temps, Sean Connery de James Bond. Logique que Canet ait recruté un pote avec qui l’alchimie à l’écran allait être évidente. Gilles Lellouche relève donc le défi d’être le nouvel Obelix et on peut dire que, oui, il a su insuffler toute la force qu’il fallait à ce personnage qui, dans le fond, n’est pas loin d’être la vraie vedette des albums.

 

Le haut du casting est succulent aussi. Les habituellement ultra sérieux Vincent Cassel et Marion Cotillard (dans un rôle trop court pour cette dernière cela dit) s’en donnent à cœur joie dans des rôles nettement plus légers qu’à l’accoutumé. Ils sont entourés de ténors de la comédie qui ont pour nom Pierre Richard, Jonathan Cohen, Ramzy Bedia, José Garcia ou encore Jerome Commandeur. Les citer tous prendrait trop de temps. On se doit de citer quand même la très belle Julie Chen dont on se dit, ici, qu’on devrait très vite reparler d’elle…

 

Fidèle à lui même, Canet a soigné la bande-originale également. Faisant appel à son pote Mathieu Chédid, le cinéaste nous propose quelques morceaux de sa discographie fétiche toujours bienvenus dans ses films.

 

Conçu pour les enfants, le gros du public attendu, cet « Asterix » pullule de gags qui vont les ravir mais Canet n’oublie pas les grands pour autant. Entre deux gags « pour adultes » bien trouvés, l’acteur / réalisateur nous gratifie de quelques références cinématographiques succulentes parmi lesquelles un excellent clin d’œil à « La chèvre » avec Pierre Richard et une hilarante parodie d’une scène emblématique de « Il était une fois en Amérique » où Vincent Cassel remplace Robert de Niro.

 

Alors, certes, ce cumul de gags « private jokes » se fait parfois au détriment de l’histoire principale qui s’avère, peut être, un peu trop simpliste mais qu’importe. Canet avait une mission : celle de réaliser une superproduction qui saurait nous divertir. A ce titre là, il a rempli pleinement sa mission et signe sans doute le meilleur film de la saga Astérix depuis celui de Chabat. On ne peut que le féliciter d’avoir relevé ce beau challenge. Ne boudez pas votre plaisir et partez découvrir ce film au cinéma où vous aurez la meilleure opportunité d’en apprécier toutes les qualités.

 



01/02/2023
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