Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Tel un Woody Allen, le Xavier Dolan nouveau est désormais attendu comme on attend le beaujolais nouveau en espérant chaque fois tomber sur un bon cru.

Alors que vaut la cuvée Dolan 2016 ? Il faut dire d'abord qu'il débarque sur les écrans dans les meilleures conditions possibles : Un grand prix à Cannes et au menu un casting haut de gamme. Pensez donc rien moins que Nathalie Baye, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Vincent Cassel et Gaspard Ulliel.

A l'arrivée chef d'œuvre ou pétard mouillé ? Assurément pas un ratage mais une réussite. Sans aller jusque définir le film d'œuvre majeure, il a d'innombrables qualités qu'il serait sans doute trop long à définir.

Pas besoin d'attendre des lustres pour repérer la patte d'un grand cinéaste derrière la caméra. Les prises de vue sont superbes, le jeu de regards des acteurs d'une parfaite maîtrise, le choix de la bande-originale parfaite.

Et surtout Xavier Dolan ne tombe pas dans le piège de l'adaptation ciné d'une pièce de théâtre qui consiste à demander aux comédiens d'en faire des tonnes ce qui passe affreusement mal sur écran.

La sobriété est davantage de rigueur ici surtout avec le principal protagoniste, Gaspard Ulliel, personnage central de cette histoire qui use de la parole de manière tellement aléatoire qu'on pourrait compter ses phrases. Dans le même état d'esprit Marion Cotillard accompagne Ulliel dans cette discretion tandis que les trois autres personnages sont plus expansifs. Chacun pourra préférer tel ou tel personnage, de toutes façons ils sont tous excellents.

Il y a toujours à titiller sur certaines scènes peut être un tantinet moins réussies et qui ralentissent un peu l'histoire. Mais celles ci sont vite rattrapées par l'immensité émotionnelle qui ressort lors de la séquence suivante, le tout atteignant son paroxysme lors d'un final majeur.

Dolan a encore réussi ici un grand coup dont il doit certainement être fier.