"Jouer avec le feu"
"Jouer avec le feu" fait bien réfléchir après l'avoir vu. Car, il y a ce sentiment de ne pas avoir regardé le film auquel on s'attendait. A priori, la thématique de "Jouer avec le feu" est celle d'un père qui se retrouve démuni face à son fils qui tend lentement mais doucement vers l'extrême droite et le côté obscur qui en découle.
Mais plus le film évolue, plus on constate que les soeurs Coulin nous servent, une nouvelle fois, un film bien féministe. "Jouer avec le feu" marque les esprits par son absence (quasi) totale de femmes dans l'histoire. Tout juste aperçoit t-on une minute chrono Sophie Guillemin et une petite amie, qui débarque et s'en va de l'histoire aussi rapidement, du fils ainé.
En quoi est-il féministe s'il y si peu de femmes ? Justement, les Coulin's sisters nous décrivent une situation que les hommes doivent prendre en main eux même. La famille décrite n'a plus sa figure maternelle depuis que celle-ci a perdu la vie (on ne sait pas comment) et c'est justement depuis cette perte tragique que le fiston est parti en cacahuètes.
Les réalisatrices s'embourbent alors dans un lot de clichés masculins grotesques où les trois protagonistes principaux (le père et ses deux fils) n'ont d'autres cultures que de regarder le foot, et bière à la main si possible. Le père oublie ses problèmes dans le bar du coin où il n'hésite pas à chercher la bagarre évidemment quand il a trop bu ou mange des aliments totalement périmés envahis par des fourmis...
Quand arrive, enfin, une femme dans l'histoire, elle a l'habit d'une juge. Celle qui va juger un homme. Les hommes en général. On ne spoilera pas davantage ce passage.
Donc, "Jouer avec le fau" est plus un plaidoyer contre les hommes incapables de se maitriser quand ils sont seuls qu'un combat anti extrême droite plutôt mal décrit au gré de séquences de bagarres qui limitent un peu le regard de la dangerosité d'un groupe extrême politique. Dommage, en effet, de décrire les partisans de ce groupe politique comme des hommes au crane rasé avec tatouage nazi et surnom renvoyant au chancelier de l'Allemagne nazie des années 30 et 40. En 2025, hélas, c'est davantage que cela désormais ce qui rend bien plus inquiétant la montée des extrêmes.
On a l'impression que les cinéastes se sont mélangées les pinceaux entre deux sujets rendant l'ensemble quelque peu brouillon en voulant aborder deux thématiques qu'elles pensaient, à tort, accolées. Mais non. Il n'y a pas que les hommes qui votent pour l'extrême droite en 2025...
Tout ce déballage de clichés et stéréotypes gâche un film où l'interprétation, au demeurant est impeccable. Dans son type de rôle préféré, Vincent Lindon exulte et se montre impérial une nouvelle fois. Son prix d'interprétation à Venise est amplement mérité. Ses fils à l'écran sont impeccables aussi. Benjamin Voisin nous démontre bien la fureur paumée de son personnage tandis que Stefan Crepon sait aborder son rôle avec la retenue attendue.
Cela donne, entre les trois, de jolies séquences familiales même si le schéma scène de dispute / scène de réconciliation est un peu trop systématique.
"Jouer avec le feu" aurait pu être un sacré film qu'il n'est finalement pas même s'il mérite pourtant d'être vu.
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