Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

"l'homme qui voulait vivre sa vie"

L'Homme qui voulait vivre sa vie

Le film a beau bénéficier de la présence du meilleur acteur de sa génération, la seule présence d'Eric Lartigau à la mise en scène a de quoi effrayer. La filmo du cinéaste est assez affligeante : des comédies au bord du degré 0 de la médiocrité ("mais qui a tué Pamela Rose ?", "un ticket pour l'espace"...). Que pouvait apporter le cinéaste au roman éponyme de Douglas Kennedy ? Heureuse surprise, Lartigaud se montre à la hauteur du lourd projet qu'il lui a été confié. Pourtant pas simple de passer des nanars de kad et olivier vers le portrait de cet homme qui a du succès dans les amours, dans les affaires mais qui n'est pas heureux car il ne fait pas ce qu'il aurait voulu faire comme dans la chanson, il aurait voulu être un artiste... Lartigau nous dégaine pas Nicole Croisille pour exprimer, comme Lelouch, le désarroi de cet homme. Dans une intrigue de départ similaire, Lelouch avait choisi Belmondo dans "Itinéraire d'un enfant gâté". Que Duris, que l'on compare parfois à son illustre ainé, soit 20 ans après dans un désir similaire n'est donc pas une surprise. Ils sont deux à se prévaloir un statut de digne successeur de Belmondo : Duris et Dujardin. Chacun semble avoir pris à son compte une période de la carrière de la légende. Si Dujardin exploite la période "Bébél" (notamment dans les OSS117), Duris fait davantage penser au Belmondo de Melville et Godard. Le fils spirituel de Jean-Paul est présent d'un bout à l'autre du film. Messieurs les jurés des César, vous qui n'avez toujours récompensé cet immense acteur, regardez attentivement ce film, où Duris, au travers de nombreuses scènes quasi muettes, fait ressortir toute une panelle d'émotions, d'expressions, que seuls les grands de ce métier savent utiliser. Jamais dans le surjeu, jamais dans la fausse note, l'acteur nous montre, une fois de plus l'étendu d'un talent sans cesse grandissant. Le rouleau compresseur qu'il est laisse quand même de la place à ses prestigieux partenaires que sont Catherine Deneuve dans un rôle court mais remarquable et Niels Arestrup parfait en vieil alcoolique. Le tout est servi par un scénario à l'efficacité redoutable que Lartigau sait rendre passionnant et riche en rebondissements. Commencé comme un drame, le film vire au thriller grâce à un revirement de situation inattendu en cours de film. Un contrat pleinement réussi qui devrait inciter son réalisateur à continuer dans cette voie.



12/11/2010
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