« L’amour ouf »
L’attente était longue. Cet événement français avait sa date de sortie connue depuis plus d’un an. « L’amour ouf » c’est un peu le « Mégalopolis » de Gilles Lellouche. Certes le délai de cogitation fut moins long mais tout de même.
Et l’accueil du film à Cannes fut presque à l’image du film de Coppola. Et Gilles Lellouche fut le premier à témoigner de la bizarrerie d’une soirée qui lui fit vivre près de 20 minutes de standing ovation avant qu’il ne se mette à lire plus tard des critiques assassines…
Alors forcément, sur ce blog, l’ultra attente que l’on avait sur ce film fut un peu entachée par ces points de vue négatifs. Mais qu’importe ! On adore ici Gilles, Adèle, François, Alain et les autres. Alors, nos plans n’allaient pas changer et nous sommes partis courir découvrir ce film à la senteur énigmatique. Et donc ?
Une scène qui démarre avec cette impression (voulue) que le film spoile expressément la fin. Scène coup de poing. Flash-back qui se met en place. Le film démarre. Pendant la première partie c’est un vrai teen movie que nous propose Lellouche avec, pour ligne de conduite, une histoire d’amour comme on les aime au cinéma : hautement improbable. Lellouche ne tarde pas trop à nous dévoiler son plan de travail : son film va être multi-genre. C’est une love story, un drame, une comédie, un film d’action, une comédie musicale… bref tous les ingrédients pour bien se casser la gueule.
Mais là ça passe merveilleusement bien. C’est fluide, c’est logique dans sa façon d’être. Il y a une raison d’exister pour chacune des scènes alors que certains rechignaient à l’idée de s’embarquer dans un film de près de trois heures. Alors que les ricains ne souffrent curieusement jamais de cette remarque même lorsque la vision de certains d’entre eux relève de l’épreuve visuelle pour le spectateur.
Le film happe littéralement le spectateur et ça peut se faire dans le bon ou le mauvais sens du terme. Alors qu’on a adoré le film ici, on comprend pourtant que le film aura du mal à sensibiliser certains.
On a adoré la mise en scène de Lellouche, sa méticulosité pour chaque plan, sa direction des acteurs (on y reviendra), ses idées qui fusent. Le cinéaste n’a rien laissé au hasard, faisant appel à sa nostalgie d’une époque révolue qu’il n’a pas forcément adoré mais pour laquelle il garde pléthore de bons souvenirs malgré tout. A ce titre, la représentation de l’époque (des années 80 au début des 2000) est symbolisée notamment par la musique qui l’accompagnait. Et comme son pote Guillaume Canet, l’acteur / réalisateur nous a concocté une bande son du tonnerre accompagnée de la musique de Jon Brion.
Lellouche a encore ici, comme pour « Le grand bain », obtenu le meilleur de ses acteurs. On les connaît par cœur ces comédiens de talent mais qu’on aime les voir à leur top ! Le duo vedette Adèle Exorchopoulos et François Civil sont magnifiés et magnifiques à chaque scène. Mais on ne saurait manquer de saluer l’excellente prestation d’Alain Chabat.
Et puis comment ne pas évoquer Mallory Wanecque et Malik Frikah ? Les deux vraies stars du films ce sont eux. Assurant la jeunesse des héros sur la première partie du film, ils détachent une impressionnante alchimie entre eux avec l’aisance de leur innocente jeunesse. Ils sont splendides et on voit mal les César de meilleur espoir leur échapper l’année prochaine.
Film parfait donc ? Allez si on veut titiller un peu, on pourra toujours avoir matière à trouver que Lellouche accumule un peu trop les plans appuyés et les effets de style en donnant cette sensation de la quête du « film à Palme d’or » (qu’il n’a pas eu) et film à César » (qu’il n’aura pas non plus). Et puis Vincent Lacoste dans le rôle d’un gros directeur d’entreprise… on n’y croit pas dix secondes, la seule erreur de casting du film.
Cela n’empêche pas « L’amour ouf » d’être l’un (le ?) des films les plus puissants, les plus réussis de l’année.
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