Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

"Melancholia"

 

Melancholia

 

 

Les premières minutes de "Melancholia" ressemblent à une œuvre d'art. Un ensemble de tableaux amovibles qui pourraient s'appeler "Apocalypse vu par Lars Von Trier". Ces instants éblouissants ne sont surtout pas à rater tant la beauté qui en émane est à couper le souffle. 
Passé ce splendide prologue le film peut commencer. Et nous présenter le début d'un spectacle apocalyptique. La première image du film nous montrant une limousine n'arrivant pas à bon port symbolise cette entrée en matière où la richesse ne sauvera pas les plus fortunés du drame...s'il a lieu (gardons ici le secret). 
La suite ne va qu'accentuer cette mise en abîme d'une petite ribambelle de jeunes fortunés face à une incroyable possibilité de fin du monde imminente. 
Le mariage, symbole en principe du début d'une nouvelle vie, arrive en parfait contraste avec l'ambiance mortuaire qui semble se préparer. 
Lars Von Trier filme au plus proche ses comédiens pour permettre aux spectateurs d'être eux même invités à ce mariage funèbre. Et comme tout mariage, nous voila entourés de têtes bien connues, bien familières. En cela Von Trier sait chaque fois se (nous) faire plaisir en employant un casting renommé et impeccable. Mieux encore il sait faire sortir le meilleur de chacun : des parents de la mariée interprétés par les impeccables John Hurt et Charlotte Rampling (odieuse à souhait en mère anti mariage) à Stellan Skarshard en patron de cette même mariée qui veut profiter de la cérémonie pour faire bosser son employée, en passant par le beau frère qui pense pouvoir tout acheter avec son fric sublimement joué par Kiefer Sutherland, c'est toute une belle panoplie d'acteurs que l'on adore que l'on croise ici.
Une panoplie évidemment dominée par les deux actrices principales. Le film leur est d'ailleurs consacré au travers deux parties titrées chacune au nom de leur personnage. 
Charlotte Gainsbourg nous livre une très belle composition démontrant décidément  l'énorme potentiel de l'actrice. Jamais dans le surjeu, la fille du grand Serge nous bluffe une fois de plus. Et l'on peut soupçonner le fait qu'elle ait eu son prix d' interprétation pour le précédent Von Trier ("Antéchrist")  l'a empêché de remporter une nouvelle fois ce titre ex æquo avec sa partenaire. Il faut dire aussi que Kirsten Dunst nous livre sans doute ici sa plus belle interprétation. L'ex Marie-Antoinette va encore plus loin que chez Sofia Coppola. Melancholia finalement ce n'est pas la planète qui menace de s'écraser mais elle qui saccage tout sur son passage à commencer par son mariage, donc son mari mais aussi son boss... Tant est si bien qu'au fil de l'évolution du film, on sent comme une alchimie, une fusion entre cette planète destructrice et cette femme post suicidaire dont la fureur dévastatrice semble pouvoir exploser d'un moment à l'autre.
Von Trier filme ces moments de colère et de quiétude de main de maitre. Gageons que les propos malencontreux tenus par le cinéaste lors du festival de Cannes lui a sans doute couté la palme d'or remporté ironiquement par un film à l'esthétisme assez voisin finalement. Difficile  en effet de ne pas faire de rapprochement entre ce film et le "Tree of Life" de Terence Malick. Chacun a insufflé à son œuvre une certaine poésie. Même si à l'arrivée une différence de taille semble se dessiner qui voit l'optimisme de Malick affronter le pessimisme de Von Trier. A chacun de choisir son camp. Quoiqu'il en soit, nous avons eu deux films d' une rare puissance émotionnelle. Et peut être que "Melancholia" en sort comme le vainqueur.



16/08/2011
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