Donjons et dragons - L’honneur des voleurs
D’un point de vue littéraire, « Donjons et dragons » est un succès phénoménal qui a emballé des millions de lecteurs à travers le monde. Il paraissait facile d’imaginer une adaptation cinématographique. Pourtant « Donjons et dragons », créé dans les années 70, dut attendre les années 2000 pour voir un premier film sortir. Une catastrophe tant visuel qu’industriel. Cet énorme flop (33 millions de dollars de recettes pour un budget de 45…) n’empêcha pas la sortie de deux suites, déjà tombées dans les abîmes de l’oubli. Clap de fin cinématographique ?
C’était sans compter la volonté de Paramount de relancer cette saga, persuadée du regain d’intérêt des spectateurs pour les heroics fantasy après le carton plein de « Game of thrones ». Faisant appel à deux cinéastes ayant fait leurs marques avec deux films plutôt pas mal, « Vive les vacances » et « Game night », la Paramount espère bien tenir ici son carton 2023.
Avec un budget conséquent, 150 millions de dollars, « Donjons et dragons » a pour ambition de faire oublier les aléas cinématographiques d’antan qu’ont connus la saga. L’histoire nous dira bientôt si le film a été largement rentable ou pas. Reste, qu’artistiquement parlant, le film est très loin d’être à l’attendu.
Déambulant dans des décors sans saveur, Chris Pine et sa bande peinent à convaincre dans un film qui ne cesse d’enchaîner les longues scènes inutiles. De ses 2h14 eurent pu être enlevée une large demi-heure qui aurait donné plus de punch au tout.
Au lieu de cela, nous avons droit à pléthore de séquences interminables bombardées de dialogues lourdingues censées nous faire rire vainement.
Si le film se rattrape, un peu, avec deux ou trois séquences bienvenues, cela ne suffit pas à rompre avec l’ennui omniprésent qui en ressort, guère aidé par un scénario écrit sans passion ni originalité qui va jusqu’à alourdir une fin hautement discutable quant à sa morale…
On voit bien le désir flagrant des auteurs que d’avoir voulu construire une sorte de « Avengers » à la sauce heroic fantasy avec son quatuor de personnages originaux armés, pour certains, de pouvoirs atypiques. Mais, même à ce titre, la sauce ne prend guère d’autant que le genre « super-héros » tend, ces derniers mois vers un côté presque « has been » quand on voit les multiples flops des films DC et Marvel.
De ces personnages, chacun aura sans doute sa préférence mais force est de constater que Chris Pine a quand même plus tendance à exaspérer qu’à emballer dans sa tentative de jouer une sorte de « Mister cool » tandis que Michelle Rodriguez semble jouer un énième personnage de fausse sympa dont le seul plaisir est de distribuer des mandales à tout va. Du coup, les jeunes Justice Smith et Sophia Lillis n’ont pas trop de mal à tirer leur épingle du jeu même si, finalement, c’est Hugh Grant que l’on retient le plus dans un succulent rôle de méchant.
On peine quand même à croire que ce « Donjons et dragons » réussisse à relancer la machine cinématographique de la saga. On ne saurait conseiller à la jeune génération de se pencher davantage à la lecture des œuvres littéraires qui ont inspiré ce film.
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