Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

« Mourir peut attendre »

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Rarement un film aura aussi bien porté son titre. Il faut dire que « Mourir peut attendre » est devenu, malgré lui, le symbole de la répercussion du Covid sur le septième art. La 25e aventure de l’agent 007 fut chaque fois, parmi les blockbusters, l’un des premiers à annoncer son report pour cause de pandémie. Des reculs conséquents, puisqu’il s’agissait d’un bon semestre chaque fois. Et puis vint le rachat de la MGM, distributeur emblématique des films, par Amazon avec cette crainte qui s’empara de tous les fans du monde : la 25e aventure de James Bond allait-elle passer par la case « direct to streaming » ? Si l’on ajoute précédemment les remous d’un tournage mouvementé et l’annonce que cet opus serait le dernier tourné par Daniel Craig, il n’est pas trop risqué de prétendre que ce film est devenu le film le plus attendu de cette période (presque) post Covid. Alors forcément, au moment où l’on est assis dans la salle et que les lumières s’éteignent, on peine à croire que l’on s’apprête à découvrir ce Graal cinématographique malgré lui. Et pourtant non, on ne rêve pas, c’est bien le nouveau James Bond que l’on découvre. Enfin. Le Gunbarrel fait son apparition à l'écran. On en a presque la larme à l'œil en le voyant. Le spectacle peut commencer.

 

C’est parti donc pour 2h43, plus long épisode de la saga, d’aventures Bondienne avec, pour commencer, un très long pré-générique qui donne le ton quasi continu de ce que sera ce film. Il n’aura, en premier abord, jamais de cesse de rendre hommage aux épisodes emblématiques de la saga : la fameuse Aston Martin des 60´s est là, les intonations musicales de Hans Zimmer évoquent également à plusieurs reprises les premiers épisodes tandis que certains décors, la Jamaïque, renvoient directement au premier opus.

 

Mais le scénario va plus loin encore dans son puisement nostalgique en reprenant la bonne vieille thématique du méchant qui veut devenir le maître du monde. Dans sa structure de base, « Mourir peut attendre » rappelle quelque peu « Dr No » et « Moonraker », le côté grotesque du deuxième en moins soyez rassurés.

 

Pour autant, « Mourir peut attendre » ne se contente pas de raviver le passé. Il s’inscrit bien dans la lignée de l’ère Craig entamée voilà maintenant 15 ans avec « Casino Royale ». On comprend aisément le choix de certains cinémas d’avoir proposé de revoir les quatre premiers films du titulaire du rôle de 007. À eux cinq, les films de Daniel Craig constituent une mini saga dans la saga. Avec, à la clé, toute une continuité logique où chaque épisode reprend dès éléments du précédent pour constituer, à l’arrivée un tout.

 

L’action est évidement omniprésente également avec son lot de scènes spectaculaires, à défaut peut être d’être inoubliables. Et Daniel Craig n’est pas avare de sa personne pour s’investir dans des cascades.

 

Avec sa durée exceptionnelle, il n’était pas question pour Bond de faire cavalier seul. Daniel Craig est, une nouvelle fois impeccable et accentue la part émotionnelle de son personnage. Mieux encore : entre deux blagues qui vous feront sourire, l’acteur va vous émouvoir comme jamais. Il est, pour son ultime baroud d’honneur, bien entouré. Léa Seydoux, qui devient la première James Bond girl à apparaître dans deux épisodes dans le même rôle, continue d’explorer les ambiguïtés de son personnage et le rapproche en ce sens à celui de Eva Green dans « Casino Royale ». Si l’on retrouve les désormais habitués Ralph Fienes, qui assure encore une fois en « M », Ben Wishaw et Naomie Harris, respectivement « Q » et « Monnepenny », sans oublier Christophe « Blofeld »Waltz, la place est ouverte à des nouveaux venus : la belle Lashana Lynch, nouvelle « 00 » et surtout la bombe atomique Ana de Armas dont la trop courte apparition (à peine un quart d’heure à l’écran) suffit néanmoins à la faire entrer dans l’histoire des plus mémorables James Bond girls, à supposer que l’on puisse la considérer comme telle…

 

On n’oubliera pas Rami Malek, le méchant de service, qui livre une interprétation sobre et terrifiante en dépit, comme Ana de Armas, d’un rôle bien court à l’écran.

 

Le scénario est riche en rebondissements de tout genre et on a rarement vu un épisode apporter un tel lot de surprises. Non corrigeons : on n’a JAMAIS vu un épisode comme cela. Attendez vous, fans de la première heure, à vivre ici des choses sidérantes voire, le mot n’est pas de trop, choquantes. Il est indéniable que lorsque le scénario a été écrit, il y a eu une volonté que cet épisode soit l’un des plus marquants de la saga. A ce titre, « Mourir peut attendre » réussit son coup avec un éclat ahurissant. On sort du film quelque peu KO par ce que l’on vient de voir. La puissance émotionnelle bat ici son plein régime et s’approche des meilleurs épisodes du genre. Tout n’y est certes pas parfait, l’intrigue est parfois brouillon, mais rien à l'écran ne saura vous laisser indifférents.

 

A la sortie, on n’a qu’une envie : c’est en discuter avec d’autres fans pour avoir leur point de vue sur un épisode qui joue à fond la carte de la nostalgie avec le paradoxe de situations totalement inédites qui vont en laisser plus d’un perplexes.

 

C’est en tout cas un beau ultime tour de piste pour Daniel Craig qui aura marqué de son empreinte l’agent 007 de la plus brillante des façons. On a clairement envie, à l’issue de la projection, qu’il change d’avis et, qu’à l’image d’un Roger Moore qui n’avait de cesse de revenir alors qu’il annonçait sa retraite, qu’il nous revienne nous en servir un autre. Il va, quoiqu’il en soit, être très dur à remplacer.

 



06/10/2021
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