"Le grand bain"
Un célèbre magazine de cinéma lui avait consacré sa couverture l'an dernier en l'annonçant comme un des événements de 2018, Gilles Lellouche et son équipe ont reçu une standing ovation de plusieurs minutes au festival de Cannes... C'est peu dire que cette première réalisation en solo de Lellouche était particulièrement attendue et il faut bien reconnaître que les espoirs misés sur ce film étaient fondés.
Après un générique curieux qui prendra tout son sens à la fin, Lellouche nous présente les principaux protagonistes de son histoire qui ont en commun d'être des "bras cassés" de la société. Pour diverses raisons ces quadras/quinqua sont à une phase de leur vie où tous leurs rêves de jeunesse semblent s'être envolés. Dépités, brisés même par les aléas de la vie, les voilà qu'ils retrouvent un peu de leur dignité à travers une discipline pour laquelle ils ne semblent pourtant pas être fait.
"Full monty" aquatique ? Il y a un peu de cela dans le synopsis de départ. Mais très vite Gilles Lelouche se détache du désormais classique film de Peter Cattaneo en créant son propre monde, ses propres personnages. Et l'acteur/réalisateur (qui ne fait aucune apparition dans son film) les embarque, et nous avec, dans des situations qui jonglent avec une parfaite cohérence entre le rire et l'émotion. Car au fil des scènes, notre mouchoir nous sert autant à essuyer une petite larme de tristesse qu'à retirer celles, plus nombreuses, s'invitant suite à un fou rire, et il y en a beaucoup. Doté d'un humour imparable, Lellouche nous offre des barres de rire à foison et cela fait du bien au moral.
On comprend aisément pourquoi ses stars ont accepté de s'embarquer dans sa drôle d'histoire. Car au delà de l'originalité de la situation de départ, il y a des dialogues absolument savoureux et terriblement bien écrits. Et chaque protagoniste a son lot de belles scènes. Normal dans ce cas que chacun déploie le meilleur de leur talent immense. Difficile de définir s'il y en a un qui sort du lot. Ils sont tous excellents les Benoît Poelvoorde, Guillaume Canet, Jean-Hugues Anglade, Mathieu Amalric, Philippe Katerine sans oublier ces dames Virginie Efira, Laila Beckti et Marina Fois. Ils sont juste tous extras. Dommage cependant (par manque de place dans le film ?) que Lellouche ait quelque peu sacrifié les trois protagonistes "moins connus" que sont Alban Ivanov, Félix Moati et Tamilchevan Balasingham qui sont loin de démériter face à leurs immenses partenaires.
À l'arrivée "Le grand bain" est un puissant médicament contre la morosité ambiante. Lellouche dégage des ondes positives à travers toute son œuvre même dans les moments plus délicats. C'est assurément une très grande réussite dont il est légitime de se demander pourquoi il n'a pas été mis en compétition à Cannes. Le public saura donner à ce film le triomphe qu'il mérite, c'est tout le mal que l'on peut lui souhaiter.
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